L’hôpital moderne est devenu un géant numérique. Dossier patient informatisé, télémédecine, imagerie haute définition, objets connectés, pilotage des fluides et des énergies en temps réel : chaque brique du système repose sur une condition incontournable, souvent invisible mais essentielle — une infrastructure technique fiable et sécurisée, 24 heures sur 24.
Le rôle clé des services techniques dans le numérique hospitalier
Longtemps perçus comme cantonnés à l’énergie, au bâtiment ou aux fluides, les services techniques jouent aujourd’hui un rôle central dans le fonctionnement des systèmes d’information hospitaliers. Leur mission : garantir que les infrastructures physiques (câblage, énergie, climatisation, salles serveurs) soient au niveau d’exigence qu’impose le numérique hospitalier.
Un SI en panne, ce n’est pas seulement un ordinateur qui s’éteint, c’est une chaîne de soins interrompue, un bloc opératoire ralenti, une prise en charge retardée. La fiabilité technique est donc une question de sécurité des soins.
Des infrastructures à haute exigence
- Câblage structuré et adductions fibre redondées : les hôpitaux doivent disposer de réseaux résilients, avec redondances et sécurités physiques, pour garantir la continuité des flux de données, même en cas de rupture accidentelle.
- Salles serveurs et locaux techniques : ces espaces critiques nécessitent une attention particulière : climatisation de précision, détection incendie, contrôle d’accès, alimentation ondulée et groupes électrogènes de secours. Chaque détail compte pour maintenir une disponibilité sans interruption.
- Alimentation et continuité énergétique : le numérique hospitalier ne supporte pas les microcoupures. Onduleurs, redondances électriques et maintenance préventive sont devenus des alliés du numérique autant que du bloc opératoire.
L’IoT et la convergence des mondes
Avec l’arrivée massive de l’IoT (Internet of Things), la frontière entre équipements techniques et systèmes d’information s’estompe. Désormais, un capteur de température de chambre froide, une pompe à chaleur, un régulateur de CTA ou même un luminaire connecté sont des objets IP, intégrés au système d’information.
Cela implique :
- une vigilance accrue sur la cybersécurité des équipements techniques, souvent perçus comme plus vulnérables ;
- une collaboration renforcée entre DSI et services techniques, pour s’assurer que la fiabilité énergétique et la sécurité numérique aillent de pair ;
- une capacité à monitorer en temps réel les équipements techniques, via des interfaces ouvertes, des API et des plateformes unifiées.
Vers un hôpital « data-driven » et sécurisé
L’hôpital du futur se construit autour de la donnée. Mais cette donnée n’a de valeur que si elle circule dans un environnement fiabilisé, protégé et maîtrisé.
- Les architectures redondées deviennent la norme.
- La supervision technique et informatique converge, permettant une vision globale de l’état de l’hôpital, du serveur au circuit d’eau glacée.
- La maintenance prédictive s’installe : croiser données techniques et données d’usage permet d’anticiper les pannes, d’améliorer la disponibilité des équipements, et de réduire les coûts d’exploitation.
Un enjeu stratégique pour les hôpitaux
Garantir la disponibilité 24/7 des SI est devenu aussi vital que d’assurer l’alimentation en oxygène médical. La réussite repose sur trois piliers :
- des infrastructures techniques robustes et adaptées aux standards du numérique ;
- une collaboration étroite entre services techniques et DSI, dans une logique de coresponsabilité ;
- une vision prospective intégrant IoT, cybersécurité, résilience énergétique et interopérabilité des systèmes.
Au final, l’infrastructure technique est le socle invisible du numérique hospitalier. Sans elle, impossible de parler de médecine connectée, d’IA ou de dossier patient sécurisé.